Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
L’Hôtel du département est implanté en limite sud de la ville de Bar-le-Duc sur un site qui domine légèrement la ville haute de la Renaissance, au-delà des anciennes fortifications. Le site est bordé à l’est et à l’ouest par deux vallées. La parcelle qui accueille l’Hotel du département est de forme trapézoïdale (env. 90 m x 130 m) et légèrement inclinée vers le nord. Son profil en coupe a été modifié pour accueillir les deux édifices qui y sont implantés, chacun selon un axe principal nord-sud : une architecture de la fin du XIXe, restructurée, qui abrite le hall d’accueil et les services du département (édifice 1) et une architecture nouvelle dédiée à la salle du conseil et aux bureaux des élus (édifice 2). Des espaces extérieurs s’intercalent entre les deux édifices : un parvis au nord de l’édifice 1, un miroir d’eau entre les édifices 1 et 2 et un jardin en pente au sud de l’édifice 2. Edifice 1 – architectes : Micault + Perrault Ancienne école normale d’institutrices édifiée en 1884 par l’architecte barisien Alexandre Micault de style néoclassique. Situé au nord de la parcelle, l’édifice a un plan en H dont chaque branche est terminée par un pavillon. Les façades principales sont orientées nord (sur parvis) et sud (sur le miroir d’eau et reste de la parcelle en jardin enclos). L’élévation est actuellement de trois niveaux et combles avec peu d’ornements. La construction est réalisée en moellons de pierre de Savonnières non enduits avec des chaines d’angle à bossage. La toiture est en ardoises posées sur une charpente bois. L’intérieur de l’édifice est entièrement restructuré en 1993 par Dominique Perrault. L’ensemble de la structure interne a été remplacée et la distribution des locaux et des circulations a été réorganisée en cohérence avec la logique architecturale de l’édifice. Façades et toiture ont été restaurées tandis que des menuiseries en aluminium laqué à un seul vantail vitré viennent occuper les baies. Le sol d’origine de l’édifice a été décaissé sur une hauteur d’un niveau (à l’origine, l’édifice ne comportait que deux niveaux) afin de dégager un nouveau rez-de-chaussée en sous-œuvre. De part et d’autre de l’édifice, le terrain a été re-profilé afin d’obtenir une topographie parfaitement horizontale générant d’un coté le parvis d’accueil et de l’autre le miroir d’eau. Le nouveau rez-de-chaussée est entièrement vitré sur la partie du corps central et ménage ainsi une transparence de vue qui aboutit sur le nouvel édifice. Edifice 2 – architecte : Dominique Perrault L’architecture nouvelle de Dominique Perrault a un plan massé rectangulaire simple (environ 90 m x 20 m) parallèle à l’édifice 1 et barrant la parcelle d’est en ouest. L’édifice a un niveau sur la partie nord et deux niveaux au sud. L’ensemble est couvert par un plan uniforme formant simultanément la façade nord et la toiture avec un large débord sur la façade sud. Ce plan, en forme de portion de cylindre, est formé d’une série de panneaux de verre assemblés, portés par une charpente intérieure visible en acier, qui intègre l’éclairage artificiel et des persiennes à lamelles amovibles. Cette charpente repose du coté du miroir d’eau sur des appuis directs au sol et de l’autre sur des poteaux acier toute hauteur en retrait de la façade sud. Cette seconde façade à deux niveaux est en panneaux de verre toute hauteur donnant sur une cour anglaise et au-delà sur le jardin. Le profil de terrain a été ici aussi creusé afin que l’édifice vienne s’encaster dans la pente. La toiture – façade reprend le profil de terrain d’origine et permet d’éviter toute émergence de volume. Une passerelle tubulaire entièrement vitrée met en lien les deux édifices au niveau du premier étage en passant au-dessus du miroir d’eau. Analyse architecturale : L’architecture de l’Hôtel du département de la Meuse obéit à une composition générale qui intègre architecture pré-existante et nouvelle dans un tout. L’ensemble est organisé autour d’un axe de symétrie nord – sud que seule la passerelle aérienne contredit. Ce contrepoint renforce au final le dispositif. Le conception architecturale de Dominique Perrault se joue dans l’épaisseur du terrain. L’architecte met à profit la légère pente du terrain pour remodeler son profil et fabriquer une succession de socles, d’émergences et d’enfouissements dans une relation évidente au paysage. On voit ainsi se dessiner très clairement la succession d’espace architecturaux suivants : parvis (socle) – accueil-service (émergence) – miroir d’eau (socle) – salle du Conseil (enfouissement) – jardin. Obéissant à un axe de composition qui se superpose au parcours institutionnel qui mène du parvis vers la salle de Conseil, l’édifice neuf apparaît en fond de perspective et se reflète dans le miroir d’eau. Une forme d’ambiguïté est introduite par cette architecture qui perturbe le registre traditionnel de l’élévation en fondant dans un même plan la façade et la toiture. Si elle permet de reconstituer la forme naturelle du terrain, elle permet aussi de ne pas jouer sur le même registre que l’architecture pré-existante, laissant ainsi à chacune son originalité conceptuelle. Un dialogue architectural qui dépasse la simple confrontation pour aboutir à une mise en valeur respective.
— Histoire
L’Hôtel du département de la Meuse figure parmi les premières œuvres de l’architecte Dominique Perrault. Il précède de peu la construction de la bibliothèque nationale François Mitterand à Paris. L’édifice est contemporain du Centre de conférence de St-Germain en Laye (78) avec lequel il entretient une similarité au regard de la relation avec l’architecture pré-existante notamment par un travail d’enfouissement architectural que l’architecte développera ultérieurement sous le concept de Groundscape Par ailleurs, on retrouve aussi le dispositif de façade-toiture mise en œuvre quelques année plus tôt par l’architecte pour l’École supérieure d’ingénieurs en électrotechnique à Marne-la-Vallée (1984-1987). En 1993, durant le chantier de la construction de l’Hôtel du département, Dominique Perrault reçoit le Grand prix national de l’architecture. Concernant le paysage architectural plus large, il est utile de noter que la réalisation du nouveau siège du Conseil départemental de la Meuse participe d’un mouvement général en France qui, suite aux lois de décentralisation de 1983, amène de nombreux départements, nouvellement maîtres d’ouvrages, à réaliser leur nouveau siège3. Après presque 30 années d’utilisation, le Conseil départemental travail à nouveau avec l’architecte pour faire évoluer l’édifice et l’adapter à l’évolution des usages et des normes.