Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
Situé à l’est du bourg ancien, le terrain est de forme rectangulaire, en longueur. Les grands côtés sont constitués par l’avenue Émile Zola et une allée de stationnement. Les immeubles de deux à quatre étages sont construits sur le périmètre du rectangle, un bâtiment central délimite deux espaces faits de jardins et cours intérieurs. Chaque cour se décompose en 3 niveaux grâce à 2 terrassements pour différencier les espaces de circulation (espace de vie extérieure et espace de desserte des bâtiments). Ces espaces sont des temps d’arrêts, plus intimes ou des lieux où l’utilisation de l’eau et le gargouillis de son écoulement en font des espaces agréables, à l’inverse certaines zones sont plus bruyantes car réservées aux jeux. L’usage qui est fait des matériaux de sol très divers contraste avec la sobriété des façades tout en augmentant la dynamique des espaces. Au sud, des logements individuels d’un étage en bande sont disposés en retrait derrière des jardins clos, tandis que les logements en étage sont pourvus d’une terrasse par-devant ou par côté. Les logements sont desservis par des passages entre les murs de soutènement, des passages sous les bâtiments, des escaliers extérieurs, des escaliers faisant articulation avec le bâtiment central, passerelles, galeries. Les immeubles sont en béton armé, brut de décoffrage pour la jouée des refends saillants avec des remplissages en maçonnerie enduite. Les logements sont sur un ou deux niveaux. Les duplex se trouvent en partie haute des bâtiments. L’architecte a joué avec la dénivellation du terrain pour permettre à cet ensemble fermé de profiter au maximum du soleil. Le traitement des façades se fait en même temps dans l’élévation et dans la coupe : la limite intérieur/extérieur est différenciée selon le besoin : prolongement des nez de dalle en balcon, retrait de l’enveloppe pour créer une loggia, ou alignement au nez de la dalle. Les duplex donnent lieu à des ouvertures plus hautes, d’où un jeu de profondeur au niveau des loggias. Les traitements plein/vide alternent entre cages d’escalier et logement, et dans les logements même créant une variété qui contraste avec la plus part des logements sociaux des années 1960. Les ouvertures sont étroites, verticales, à vantail unique et pourvues de volets. Au rez-de-chaussée, les logements sont desservis 2 par 2 par l’intermédiaire d’un palier. L’organisation est structurée par le positionnement des refends. Les maisons disposées au sud se situent à 1 m au-dessus du niveau de la cour L’entrée s’effectue sur un petit hall distribuant horizontalement le niveau de plein pied et verticalement le niveau des chambres par un escalier hélicoïdal. Dans le cas de ces habitations la structure constructive est beaucoup moins prégnante. Quant au duplex, il retrouve le principe de distribution des maisons (halle d’entrée pour la circulation horizontale et escalier hélicoïdal pour la distribution verticale). Dans le bâtiment central 30 m² de la surface totale du logement sont utilisés pour les espaces extérieurs dont le plus important est une terrasse à l’étage. Au niveau des toitures, les couvertures sont modulaires et de très faible pente à deux versants. Les eaux s’écoulent au niveau de caniveau situé au regard des refends et sont reprises par des chenaux disposés sur les même refends.
— Histoire
C’est en 1969 que ce lotissement comportant des logements de type ILN est construit. Cette réalisation reste méconnue, sans doute en raison de ses distances d’avec l’histoire canonique de l’architecture moderne, dont elle respecte néanmoins la facture, par son aspect modulaire. Pourtant, le sens de la composition dont elle fait preuve (étagement du sud vers le nord, affirmation au sud d’un corps de bâtiment en perspective sur une rue adjacente, respect de la continuité des alignements et prise en compte des gabarits) en font une réalisation d’autant plus exceptionnelle qu’elle répond, de façon magistrale et comme par anticipation, aux attendus qui serviront de credo à ceux qui remettront en cause et qui prendront la relève du Mouvement Moderne.