Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
Les quatre buildings, désignés par les quatre premières lettres de l'alphabet, sont implantés sur une parcelle longue de 350 mètres sur 25 mètres de large. Leur position en enfilade oblique, orientée sud-ouest, répond à des soucis d’ensoleillement, de vents dominants, de vue, et de composition urbaine qui les place dans la perspective du chenal. Ils sont construits sur une ossature en béton armé constituée de 4 rangées de 12 poteaux, montés sur pieux fondés à 16 mètres dans le sol. Les façades, mettant en évidence l’ossature du bâtiment, forment des carrées de 40 mètres de hauteur et de largeur, sur une profondeur de 14 mètres. Les immeubles se caractérisent également par leurs loggias et leur couverture en toit-terrasse, emblématiques du vocabulaire de l'architecture moderne mais aussi par la polychromie propre à chacun (bleu et rouge, ocre et bleu, vert et jaune, ocre et rouge), et que l’on retrouve sur les volets roulants et le plafond des loggias. Chaque immeuble possède douze niveaux, des commerces occupent le rez-de-chaussée, un premier étage à vocation hôtelière, un étage de bureaux, et enfin neuf étages accueillant cinq appartements, illustrant la nouvelle conception de l’habitat d'après-guerre. On y trouve salles de bains, chauffage réglable, vide-ordures, etc., auxquels s'ajoutent notamment des ascenseurs.
— Histoire
Au lendemain du second conflit mondial, le jeune architecte amiénois Pierre Vivien est chargé de la reconstruction de la ville de Boulogne-sur-Mer par le MRU, suite à la démission de Roger Berrier. En juin 1950, son plan de reconstruction est définitivement adopté, de même que le projet des quatre buildings disposés en enfilade oblique à la naissance du quai Gambetta, secteur emblématique de l'activité portuaire. Pour réaliser cet ensemble, il s’associe à l’ingénieur Eugène Mopin, et à plusieurs architectes d'opération, André Lacoste, Georges Popesco, Jean-Salomon Louria, André Sive, Jean Beaubernard, Jean Courcoux et Claude Blanchecotte. Le chantier débute en janvier 1951 selon une progression du building D, le plus éloigné du centre-ville, vers le building A. Cependant, le dessin des façades et l’aménagement intérieur ne sont pas définitivement arrêtés. Le gros œuvre du building D est achevé en janvier 1954, tandis que le A n’est construit qu’à hauteur du 5e étage. En décembre 1954, un appartement-témoin est aménagé dans le building D et doté d’un mobilier contemporain, signé par de grands noms de la décoration intérieure tels que René-Jean Caillette, Pierre Guariche, André Monpoix, Michel Mortier et André Motte. Il fait d’ailleurs l’objet d’une publication en mars 1955 dans la revue La Maison française. En septembre 1955, les premiers appartements sont commercialisés. Au début des années 2000 a lieu une campagne de rénovation et de ravalement des buildings. De même, à l’occasion du changement d’alimentation de la chaufferie, la cheminée monumentale sur le pignon nord du building D est remplacée.