École élémentaire René-Azalbert

Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice

Le terrain alloué au cours complémentaire se trouve à la sortie de Sigean, sur la route de Perpignan, entre le jardin public et le terrain de sport. Il est en hauteur par rapport à ce dernier. L’école actuelle a un plan en L. Les bâtiments sont disposés le long du jardin public, orientés nord-sud pour dégager l’espace des cours. Le premier bâtiment à l’entrée est celui de la cantine. Puis se trouve le préau par lequel on accède au bâtiment des classes de deux étages, décalé dans l’alignement. Dans l’angle de la cour se trouve une aile en retour ; elle est rattaché à l’aile d’origine par une travée plus basse contenant l’escalier. Il n’y pas d’entrée marquée, le bâtiment des logements à l’entrée délimitant une allée d’accès à l’école, entre une haie et la plate-bande plantée. L’extension de 2000, qui a rehaussé la cantine d’un niveau a cependant doté l’école d’un petit pavillon d’entrée carré. Les façades côté sud sont entièrement vitrées. Pour contrer l’horizontalité des façades et la trame de 1,75 m uniformisant les façade, Teppe scinde la partie basse des fenêtres et la positionne dans un grand cadre de béton saillant sur la façade ; ce dispositif permet d’installer une tablette profonde au-dessus des radiateurs dans les classes. Chaque fenêtre est séparée par un potelet carré. Le tout s’abrite sous un large brise-soleil en béton. Les baies ont été changées pour du PVC ; les fenêtres sont coulissantes, quand celles d’origine étaient basculantes vers l’extérieur. Côté nord, des fenêtres carrées ou des fenestrons rectangulaires éclairent le couloir et les classes en second jour. Comme souvent dans les années 1950, les architectes adoucissent le côté fonctionnel des longues façades de verre et béton par des murs pignons en pierre, comme c’est le cas ici, avec la pierre marbrière de La Palme : les murs du logement, celui de l’adjonction (le mur d’origine du premier bâtiment, non enduit, est toujours visible dans la dernière classe). Teppe traite également en pierre l’angle débordant du second bâtiment, qui abrite l’escalier. Il l’éclaire par une haute fenêtre d’angle. Cet angle est le point d’attraction de la façade, qu’on voit très bien depuis l’entrée sur la rue. André Teppe y place le décor. Il s’agit de 9 pierres sculptées par Yvonne Gisclard-Cau, avec qui il a beaucoup collaboré pour des décors d’écoles. Elles sont disposées en saillie. Dans l’esprit de Teppe, ce sont « les éléments constitutifs des choses », selon la philosophie hellénique : eau, terre, air, feu, esprit : berger et ses moutons, la fécondité (poissons), le feu sacré, la création, l’air, la transmutation de l’âme et l’esprit dégagé de la matière. Elles sont disposées de bas en haut, symboliquement selon leur thème. Curieusement, les thèmes traités de façon philosophique sont quand même très influencés par les symboles chrétiens. Une figure de sirène d’Yvonne Gisclard-Cau orne le dessus de porte de l’escalier créé lors de la construction de la troisième extension.

— Histoire

L’actuel groupe scolaire de Sigean a été construit comme cours complémentaire. Il faut rappeler qu’alors la scolarité est obligatoire jusqu’à 14 ans. Les cours complémentaires assurent une scolarité de 4 ans après le certificat d’études, jusqu’au brevet (jusqu’en 1959 et la création des collèges modernes). La question de l’instruction supérieure était importante dans une « nation largement paysanne » (Midi Libre, 3 janvier 1957). Cependant, c’est une obligation difficile à respecter. En effet, les moyens de communication modernes qui se mettent en place ne règlent pas tous les problèmes d’accès aux écoles supérieures des villes pour les enfants des petites villes et des campagnes ; la plupart sont situées dans les préfectures et les sous-préfectures. Les élèves de Sigean, par exemple, doivent aller jusqu’à Narbonne. Trois chefs-lieux de canton sont alors concernés par ce problème : Sigean, Bram et Rieux-Minervois (cours complémentaires d’ailleurs construits également par Teppe à la même époque). Six communes autour de Sigean seront desservies par ce nouvel établissement. Jusque là, deux classes de 6e et 5e rassemblant 65 élèves fonctionnaient déjà dans l’école primaire. Les travaux sont confiés aux architectes André Teppe et André-Louis Bourély, auteurs de nombreux groupes scolaires dans le département sur le modèle des écoles en commande groupée (Marseillette, Palaja, Ribaute par exemple). Le bâtiment actuel est construit en plusieurs phases. La réception définitive du premier bâtiment se fait le 1er octobre 1959. Le premier ensemble est composé de la cantine à l’entrée avec le bâtiment des logements de l’autre côté de l’allée, suivi du préau et du bâtiment des classes à deux étages. La deuxième extension ajoute un étage au-dessus du préau (1966, extension projetée lors des premiers plans). La troisième extension ajoute un bâtiment de classes de deux étages dans l’angle de la cour (1968). Un article de l’Indépendant (4 mai 1967) précise qu’entre temps, quatre classes préfabriquées ont été installées dans la cour pour faire face à l’afflux sans cesse croissant des élèves (257 en 1966, 330 l’année suivante). L’architecte étant le même et les extensions se faisant à la suite des chantiers précédents, le bâtiment présente une parfaite unité. Le cours complémentaire devient collège d’enseignement secondaire, puis collège d’enseignement général au gré des réformes. En 1970, on construit un nouveau collège et les bâtiments sont alors attribués à un groupe scolaire. Le groupe scolaire porte le nom de l’ancien maire de Sigean (élu de 1945 à 1971) depuis novembre 2013. Il semble que Teppe et Bourély soient très attachés au décor des écoles : Teppe a fait travailler beaucoup d’artistes et Bourély, dans la ville de Sigean, avait donné l’exemple avec le groupe scolaire de 1952. Pour le décor du cours complémentaire, une lettre de Teppe à Charles Bourély (le fils d’André-Louis) datée du 18 octobre 1957 explique longuement sa démarche artistique et le charge de soutenir ce projet auprès de la commission de la Direction des Arts et Lettres qui donne son accord et attribue les subventions. Le principe des pierres en saillie (qu’on trouve dans le Tarn ou à Carcassonne) et les sujets sont de l’architecte. Il a choisi le thème des « éléments constitutifs des choses : la terre, l’air, le feu et l’eau » selon la philosophie hellénique. Les sujets sont pour l’Air : l’Air, l’Âme dégagée de la matière, la Transformation de la matière ; pour la Terre : le Berger et son troupeau ; pour l’Eau : la Fécondité et l’Alliance de la terre et de la mer et pour le Feu : la Création et le Feu sacré. Aux quatre éléments traditionnels, il ajoute l’âme ou plutôt « l’esprit en termes pré-chrétiens ». Il précise qu’avec Yvonne Gisclard-Cau, il a choisi des symboles faciles à comprendre que ce soit par des enfants ou des visiteurs. Ils pourront les interpréter « selon leur culture et leur sentiment personnel de perception ». Teppe veut défendre « sa conception et celle du sculpteur qui échappent au formalisme et à l’académisme », devant une « bande de vieux bonzes […] qui ont chacun une idée personnelle sur la question » (AD Aude 23J68). C’est effectivement un décor ambitieux par ses symboles. Il faut remarquer que l’ensemble du dispositif est remarquablement préservé. Toutes les pierres sont intactes et en bon état.

— Adresse

50 avenue de Perpignan
Sigean

Occitanie

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