Ensemble d’immeubles de la seconde reconstruction de la place d’Armes
Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
Longue de 117 mètres de côté, la place d’Armes occupe le centre du plan orthonormé dessiné par Girolamo Marini au milieu du XVIe siècle. Chacun de ses quatre côtés est traversé par une rue délimitant quatre quartiers également quadrillés par des rues rectilignes. Ce plan a été conservé lors de la reconstruction de la ville suite aux bombardements allemands de 1940 et alliés de 1944. La partie sud-est de la place, correspondant à la collégiale Notre-Dame et aux bâtiments de la Poste et de la Caisse d’Epargne, n’a pas été détruite lors des bombardements. Les îlots reconstruits donnant sur la place sont de taille variée. Les plus importants sont l’îlot 45 au nord-est et, de l’autre côté de la place – au sud-ouest – l’îlot 52. Entre les deux sont aménagés deux îlots plus petits, l’îlot 41 et l’îlot 42, séparés par une rue reliant la place d’Armes à la place de la Halle. Les élévations des immeubles donnant sur la place d’Armes sont conçues suivant le même dessin. Le plan intérieur et l’aspect de la façade côté cour varient en fonction des besoins des occupants et la conception des architectes. L’ossature des murs est en béton armé, avec remplissage en pierre de taille du Valois ou de Savonnières du côté de la place. Les appuis de fenêtre sont en pierre dure, à l’exception de ceux du premier étage, en ciment armé. Elles sont cernées d’un cordon en brique. Les fenêtres du premier étage sont dotées de balcons et celles du deuxième, d’une simple rambarde – les deux étant en fer forgé. Les corniches sont en pierre de taille et les charpentes, en ciment armé, forment une pente à 45°. Elles sont percées, à chaque travée, d’une lucarne en pierre à fronton soit cintré soit triangulaire. Côté cour, les murs sont en brique creuse ou maçonnerie de moellons recouvert d’enduit. S’agissant de la principale place commerçante de la ville, le rez-de-chaussée des bâtiments ouvre soit sur une boutique, soit sur les bureaux de personnes exerçant professions libérales. Ceux de l’îlot nord-est, reconstruit par Herbé et Clauzier, possèdent une clé de linteau dont le décor évoque le commerce qu’il renferme. Ainsi, le journal l’Union se signale par un livre avec une plume. Les deux étages supérieurs et les combles sont occupés par des logements. Des caves complètent l’ensemble. À l’angle de chaque îlot donnant sur la place, au premier étage, des pierres en saillie attendent une sculpture qui n’a pas été réalisée. Seul l’angle du plus petit îlot, au nord-ouest, a reçu une sculpture représentant une femme montrant un blason dérivé des armoiries de la Champagne. Enfin, sur la façade d’un immeuble de l’îlot nord-ouest, un cadran solaire représente les tours de la collégiale en proie aux flammes, avec la légende Furore hominum perri, MCMXL : « La fureur des hommes m’a détruite en 1940 ». Sous les tours embrasées figurent un soleil resplendissant et une colombe portant un rameau d’olivier avec cette inscription : Horas quietas utinam indicem – « Puissé-je désormais n’indiquer que des heures tranquilles ».
— Histoire
A la suite de la destruction de Vitry-en-Perthois par les troupes de Charles Quint en 1544, François Ier décide de reconstruire la ville sur un autre emplacement, au bord de la Marne. La place-forte prend le nom de Vitry-le-François. Elle est bâtie suivant un plan orthonormé suivant les dessins de l’ingénieur italien Girolamo Marini. La place d’Armes, qui occupe le centre de ce quadrillage, accueille les principaux bâtiments de la ville. Dès 1557 est construite une église à pans de bois, dans la tradition champenoise, suivie d’un palais royal abritant les juridictions de la ville. L’actuelle collégiale Notre-Dame est commencée en 1629. Aucun plan d’élévation n’ayant été imposé pour les façades de la place, les maisons sont construites et reconstruites les unes après les autres sans ordonnancement général. En 1842, la place est ornée d’une fontaine en son centre. La statue de la Marne qui la surmonte est due au sculpteur Fournier et a été fondue par Muel. En 1907 et en 1913 sont construites la Caisse d’Epargne et la Poste, qui sont, avec la collégiale et la fontaine, les seuls éléments anciens ayant survécu à la Seconde Guerre mondiale. Après les bombardements allemands du 16 mai 1940 et l’incendie qui suivit ceux du 13 juin, la ville est détruite à 80 %. Dès 1941, un projet de reconstruction de la place d’Armes par Louis Aublet, architecte en chef du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, propose une galerie d’arcades surmontée par un étage unique. Les commerçants s’y opposent, arguant de l’impact sur la luminosité de leur commerce et de la perte d’espace dans leur logement. Seuls des baraquements sont construits durant la guerre, en partie détruits par les bombardements alliés de juin 1944. Dès la fin de la guerre, il est décidé de rebâtir la ville en conservant son plan d’origine. Maurice Clauzier dirige la reconstruction générale, mais André Contenay est nommé architecte en chef des îlots de reconstruction de la place d’Armes. En accord avec Louis Aublet, il décide du règlement de l’ordonnancement des façades et toitures de la place, que les architectes chargés de la reconstruction de chaque îlot devront respecter. Une ordonnance architecturale des bâtiments est également décidée pour l’actuelle place du Maréchal – Leclerc, entourant la porte du Pont, ainsi que pour les rues menant à la place d’Armes. Jacques Herbé et Robert Clauzier construisent l’îlot 45, au nord-est de la place et de la collégiale. D’autres architectes interviennent ponctuellement sur certains immeubles, comme Charles-Henri Royer sur l’îlot 41, Hubert Simonin sur le 42 et Simon Klipper sur le 52. L’îlot 45 étant le premier à être validé, dès avril 1950 il est décidé que les élévations des îlots 41, 42 et 52 devront se conformer à ce qui a été autorisé pour cet îlot afin de ne pas rompre l’harmonie de l’ensemble. En juin 1951, sur proposition d’André Contenay, après approbation de Paul Pillet, architecte en chef des monuments historiques, le maire de Vitry-le-François publie un arrêté visant à assurer l’homogénéité de l’ensemble architectural que constitue la place d’Armes. Il y est notamment précisé qu’aucun enduit ne devra être apposé sur les murs, que les menuiseries ne pourront être modifiées et devront être peintes en blanc, et que les balcons devront rester en bleu foncé. Les réglementations pour les devantures étaient, à l’origine, particulièrement strictes. La reconstruction de la place semble être achevée dès 1955. Elle est suivie par la restauration de la toiture et de la tour sud de la collégiale, qui avaient été détruites lors des bombardements. La dernière restauration remonte au début des années 2000.