Groupe scolaire Montolivet ; école primaire Montolivet

Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice

Le terrain de 6300 m2 se trouve légèrement à l’extérieur du centre-ville historique. Il a été acheté par la ville aux hospices de Villeneuve. Comme il forme un rectangle très long, adossé à la colline des Mourgues, l’architecte positionne le bâtiment dans l’axe de la rue, suffisamment en retrait pour laisser une sorte de parvis, pour la sécurité de la sortie des classes. Les classes sont orientées nord-sud, avec la façade avant au nord. La rue est en pente et l’entrée de l’école se situe un niveau au-dessus de celui de la cour. Le groupe scolaire est organisé symétriquement, les classes réparties en ailes basses de part et d’autre d’un haut pavillon central en léger ressaut sur le reste de la façade. Ce pavillon donne toute sa monumentalité à l’édifice. La travée centrale est traitée en léger arrondi, amorti par de longues cannelures dans les angles ; elle se termine comme une petite tour carrée dépassant des terrasses. Le fronton encadré par des moulures géométriques porte les armes de la ville. Au-dessus de l’entrée se trouve une horloge protégée par un auvent débordant en béton. De part et d’autre une travée plus basse abrite l’escalier. Chacune comporte en haut un monogramme sculpté, R et F entrelacés. La partie centrale est complétée par deux travées correspondant à la première classe de part et d’autre. Aux extrémités, la travée des escaliers latéraux constitue également un pavillon en avancée. Ce dispositif permet de donner du caractère à une façade très longue. Les larges corniches en béton, très débordantes, accentuent l’assise des divers volumes et créent des jeux d’ombres sur les façades. Le rez-de-cour accueille tous les espaces communs : préaux, salles communes (conférence, cinéma, etc.), gymnase, réfectoire, bains-douches (pas de plans). Ces salles sont éclairées sur la cour par de grandes portes vitrées. Elles sont ouvertes côté nord sur une cour anglaise qui permet l’éclairage. A l’étage se trouvent les classes et au niveau supérieur, les appartements, quatre dans chaque aile, plus ceux des deux directeurs situés au troisième étage partiel (dans le pavillon central). Les classes sont traversantes. Disposition peu commune, les circulations se font côté sud, à l’arrière, par de longues passerelles non couvertes pour les deux étages. Elles courent sans interruption sur la totalité de la façade. Cette organisation est celle qui a prévalu dans les écoles marseillaises de la fin du XIXe siècle construites par Léonce Müller, architecte de la ville. Ces passerelles permettent certainement de réduire les coûts de construction en éliminant le couloir et d’avoir un bon ensoleillement des classes. Elles servent également de pare-soleil pour l’étage inférieur. Pour protéger le dernier étage, la corniche du toit est largement débordante. Ce dispositif rappelle également celui des longues façades plein sud des sanatoriums. Les classes sont accessibles par un vestiaire transversal distribuant deux classes. Cette disposition est lisible sur la façade nord, la fenêtre du couloir étant plus étroite. Il est destiné à amortir le bruit entre deux classes. Celles qui sont adossées bénéficient d’une cloison double. D’autres notions de confort sont abordées : parquet peu souhaitable dans le sud de la France (désordres et poussière), sanitaires adaptés et chauffage central. Au nord, les fenêtres sont deux fois plus petites qu’au sud où les grandes baies carrées font largement entrer la lumière. Le pavillon central abrite la loge du concierge, qui surveille les deux entrées à la fois. A l’arrière, des halls fermés du côté nord et du mistral par un tambour en bois. Les escaliers centraux sont ouverts sur le hall par deux colonnes engagées. L’architecte utilise pour cette école le langage architectural classique : étagement des masses, symétrie et centralité, façades lisses et plates. le décor joue son rôle : rez-de-chaussée à bandes horizontales, trumeaux plats à peine interrompus par un léger pilastre. Cependant les motifs de l’architecture Art Déco sont présents : toit plat, le léger décor de glyphes sous une moulure courant jusque sur les façades latérales, portes centrales et latérales en fer forgé. Dans le décor intérieur, ce sont les jeux de couleurs dans les sols en grès-cérame des classes et circulations. La construction est en maçonnerie de moellons de pierre pour les façades, planchers en béton.

— Histoire

L’architecte du département, Max Raphel (1863-1943), avait été chargé en 1913 d’élaborer un projet d’école à construire sur un terrain que devait acquérir la Ville ; elle n’avait en effet pas d’école digne de ce nom et ne réglait les problèmes d’ouverture de classes nouvelles qu’au coup par coup, par des installations toujours précaires. Ce premier projet n’a pas abouti. A la fin des années 1920, la municipalité de Villeneuve prend la décision de construire un nouveau groupe scolaire, à cause de la vétusté et du manque de places disponibles qui s’accentue. En effet, un service de bus régulier ayant été mis en place entre Villeneuve et Avignon, la ville est devenue une banlieue d’Avignon et de nombreux ouvriers, employés et fonctionnaires viennent y loger. Entre 1925 et 1930, le nombre d’enfants scolarisés est passé de 170 à 294 et de nombreux enfants sont obligés de faire leur scolarité à Avignon, faute de place. De plus, l’Institution privée Sancta Maria, ouverte en 1920, faisait une rude concurrence à l’école laïque, grâce à ses petits effectifs et pouvait se vanter d’une grande réussite aux divers examens. La volonté du maire de l’époque, Charles Deshommes, était donc d’affirmer la présence de l’école laïque dans sa ville. Quelques années plus tard, la construction du groupe scolaire Jules-Ferry aux Angles (1931-1941), commune limitrophe, vient renforcer l’offre laïque d’éducation. Le projet présenté en 1930 par Paul Chabert, un architecte nîmois, comprend un groupe scolaire pour les garçons et les filles, avec 5 classes par école et 5 logements. Deux classes supplémentaires, une de dessin et l’autre pour l’enseignement ménager, sont prévues à titre provisoire, comme futures salles de classe. Louis Pierredon, architecte à Alès, est chargé de donner un avis sur le projet et fait quelques observations sur les circulations et la taille des classes et des vestiaires. En l’absence de plans définitifs, il n’est pas possible de savoir si l’architecte en a tenu compte. Les plans sont approuvés par le préfet du Gard puis le Ministère de l’Instruction publique en 1933. L’école est ouverte pour la rentrée de 1936. La réception définitive a lieu le 30 juillet 1941. Des malfaçons de l’entreprise Martin pour les huisseries ont entraîné des retards puis un procès. Le groupe scolaire Montolivet est représentatif de ces écoles conçues encore comme des monuments publics, à la fois classiques et modernes, où la monumentalité est marquante par l’ampleur de la façade et la hauteur du pavillon central signalant le bâtiment dans la ville. On peut d’ailleurs penser que l’architecte a eu la volonté d’ajouter ainsi une tour laïque dans un paysage urbain où se signalent toujours celles des églises ou des livrées cardinalices construites au temps des papes. Les archives indiquent que des efforts considérables ont été faits pour le décor de l’école, dus à la volonté du maire d’avoir une école moderne, pourvue de tout le confort : les colonnes engagées de chaque entrée ont été faites en pierre de taille au lieu du ciment prévu à l’origine ; les portes d’entrée en bois ont été remplacées par celles en fer forgé. Le tout pour un dépassement de devis de 5 000 francs. L’horloge moderne fait également partie de ces dépenses somptuaires (mouvement électrique ultra moderne, chiffres massifs, plaque et angles en bronze). Cependant, le projet de deux médaillons sculptés de Jules Ferry et Paul Bert ont été abandonnés comme trop onéreux. Par ailleurs le groupe scolaire a bénéficié d’un ameublement entièrement neuf (l’ancien mobilier a été revendu à des communes alentour) mais aussi du renouvellement de tous les livres scolaires. Paul Chabert a exécuté de nombreux travaux communaux et particuliers : écoles, abattoirs, usine d’électricité de Nîmes en 1923, monuments aux morts (Caveirac, Bellegarde, Gallargues) ou commémoratifs (Montcalm à Vestric-et-Candiac et Québec). Il a de nombreuses fonctions officielles, comme président de sociétés mutualistes, d’expert auprès des tribunaux et du conseil de la préfecture depuis 1900 et membre de la commission des Beaux-Arts. Mobilier scolaire pour le réfectoire : chaises et tables Stella, de Labruguière (Tarn).

— Adresse

3-5 rue de Montolivet
Villeneuve-lès-Avignon

Occitanie

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