Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
Le lotissement s’organise sur une division en parcelles mitoyennes, disposées en lanières étroites et réparties en trois ensembles distincts formant un U ouvert au sud. Au centre se trouve un jardin collectif aménagé en butte artificielle, recouverte d’une composition végétale qui reproduit les effets d’un paysage naturel et préserve l’intimité en évitant les vis-à-vis directs. Les habitations, identiques, sont accolées deux à deux et forment un module carré qui se répète, disposé en dents de scie dans chaque ensemble. L’ossature générale est en béton armé, les murs-rideaux en agglomérés de ciment creux, la toiture à deux pans recouverte en tuiles creuses. L’expression rythmique moderne des façades est obtenue grâce à un savant calcul de composition qui individualise par le relief et la couleur chaque élément de la construction et contribue au caractère cubiste de l’ensemble. La trame géométrique, composée des lignes horizontales et verticales formées par l’épaisseur des éléments de structure de l’ossature, est soulignée d’un enduit blanc. Les murs-rideaux, positionnés en retrait ou en saillie, donnent du relief à la surface et sont traités en grands aplats colorés. Le logement, traversant, comprend un étage de soubassement avec garage et cave, un rez-de-chaussée surélevé et un étage, le tout divisé en demi-niveaux. L’étage ouvre sur une terrasse d’agrément aménagée, côté butte, sur une partie des combles. L’aménagement intérieur privilégie la séparation des fonctions et la fluidité des espaces. La lumière pénètre largement par le mur du séjour entièrement ouvert par une baie vitrée. Les équipements (cuisine équipée, coin-repas avec passe-plat et banquette, bibliothèques, placards) reprennent l’idée du mobilier intégré de Le Corbusier et Charlotte Perriand.
— Histoire
Manosque connaît dans les années 1960 une expansion économique, à l’origine d’un fort accroissement démographique, générée par trois phénomènes concomitants: les aménagements hydroélectriques du canal de la Durance, l’installation du Commissariat à l’Energie Atomique de Cadarache (C.E.A.) à 25 kilomètres de Manosque et l’arrivée des rapatriés d’Afrique du Nord. Cet afflux soudain de population oblige les urbanistes à revoir le plan de développement de la ville pour les années à venir. Le nouveau plan prévoit une extension de la ville vers le sud jusqu’à la voie ferrée. C’est dans ce périmètre, appelé à devenir la future zone résidentielle, administrative et commerciale, équipée de toutes les infrastructures modernes, qu’est implanté sur un terrain quadrangulaire, situé entre le stade et la gare, le lotissement Les Mûriers.