Mémorial de l’internement et de la déportation

Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice

Le programme proposé aux participants du concours de maîtrise d’œuvre inclue les trois pavillons 1913 préservés – d’environ 900 m2 chacun –, une chapelle, le monument aux déportés de la ville de Compiègne et deux hectares de terrains environnant. Il comprend à la fois la création d’espaces d’accueil, de billetterie et de boutique, la réhabilitation des bâtiments existants dans lesquels se déploient l’exposition permanente, et le traitement paysager. La création du bâtiment d’entrée : Jean-Jacques Raynaud conçoit le bâtiment d’entrée comme « un visage correspondant à la nouvelle destination du site, face à la ville et à la société des hommes, une façade qui soit une forme de cadrage, de mise en scène du lieu, une façade qui soit aussi un seul et un parcours, une préparation à la visite ». Cette façade se compose de deux murs parallèles de 160 mètres, qui longent la rue. Ils matérialisent l’emplacement de l’ancienne clôture du camp et du no man’s land attenant. Constitués de pans en béton blanc presque aveugles, ils rappellent également l’architecture carcérale. L’entrée, symbolisée par un pan de mur à terre, ouvre sur le « Mur des Noms » transparent, plaques de verre sur lesquelles sont inscrits les noms des 48 233 internés, leur restituant leur identité là où elle avait été niée. Le Mur des Noms a été réactualisé par trois fois depuis 2008 pour y inscrire les déportés nouvellement identifiés chaque jour. À l’intérieur, un mobilier minimaliste laisse place à un vide dominant. La réalisation d’un jardin de la mémoire : ce bâtiment d’entrée ouvre sur le jardin de la mémoire, espace paysager dans lequel sont implantés huit sièges parlant qui délivrent le témoignage d’anciens déportés. Les matériaux et les tracés des voies d’origine ont été remis à jour sous le bitume qui les recouvrait. La réhabilitation des pavillons 1913 : la visite se poursuit dans les deux pavillons de la caserne de 1913. Jean-Jacques Raynaud les a débarrassés de leurs équipements les plus récents (mobiliers, revêtements de sols, faux plafonds, papiers peints et peinture, etc.) pour ne garder que les anciennes chambrées vides, qui deviennent objets de scénographie à part entière. Il a éliminé partiellement les couches de peintures et enduits des murs successifs, laissant apparaître aléatoirement des couleurs différentes ainsi que de nombreux décors peints. Il ne s’agissait pas d’un travail rigoureux d’archéologie du bâti, mais plutôt d’une approche symbolique pour mettre à jour les différentes strates de l’occupation de ces bâtiments et en révéler la richesse historique. Dans ces deux pavillons, l’exposition permanente est organisée en trois mouvements (avant Compiègne, l’arrestation / à Compiègne, l’emprisonnement / après Compiègne, la déportation) avec différents dispositifs scénographiques et numériques, dans le but d’enseigner l’histoire des mécanismes de la déportation des civils juifs et non juifs déclaré ennemis du Reich en Europe et l’Ouest durant la Seconde Guerre mondiale et d’en transmettre la mémoire. Un troisième pavillon devait initialement être transformé en salle de conférences, de projection et d’animation. Il n’a finalement pas été restauré mais laissé dans son état de 1997 et n’est aujourd’hui pas accessible à la visite.

— Histoire

La caserne de Royallieu est édifiée en 1913, suite à la « loi des trois ans » relative à l’allongement de la conscription, pour accueillir le nombre accru d’appelés. Les 24 pavillons – dits du modèle 1913 – sont structurés dans un plan en U, en trois modules équivalents de huit pavillons, et adjoints de 40 bâtiments annexes. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la caserne est transformée en octobre 1939 en hôpital militaire, puis lorsqu’il est investi par l’armée allemande en septembre 1940 en camp de prisonniers militaires, par lequel sont passés 12 000 hommes. A partir de juin 1941, il devient le Frontsalag 122, seul camp d’internement en France géré directement et exclusivement par l’administration allemande. C’est un camp de transit dans le cadre de la déportation de répression mise en place par l’Etat allemand vers les camps de travail et de concentration en Allemagne et dans les territoires occupés. Environ 50 000 personnes, hommes et femmes prisonniers politiques, résistants, juifs, étrangers ont transité par ce camp pour être ensuite déportés vers Buchenwald, Neuengamme, Auschwitz-Birkenau, Mauthausen, Dachau, Sachenhausen ou encore Ravenbrück, et près de la moitié n’en sont pas revenus. À la libération, les Américains transforment le site en camp de prisonniers allemands, jusqu’à l’ouverture en 1948 d’un camp de très grande dimension à Atichy. Il est alors réinvesti par l’armée jusqu’en 1997. Suite à la nouvelle loi portant réforme du service national à cette date, les casernes sont rétrocédées à la ville. Celle-ci conserve trois pavillons pour en faire un mémorial, tandis que les autres pavillons sont détruits et le terrain loti. Le projet de mémorial, mené par la ville de Compiègne, bénéficie de la contribution financière de l’Etat, du Conseil régional de Picardie, du Conseil général de l’Oise et de la Fondation du Patrimoine. L’équipe constituée par le cabinet d’architecture Jean-Jacques Raynaud est désignée lauréate en 2005 de la « consultation de concepteurs en vue d’attribuer un marché d’architecture et de maitrise d’œuvre pour la réalisation d’un musée mémorial de la déportation sur l’ancien camp de Compiègne-Royallieu ». Les travaux débutent en avril 2007 pour une inauguration en février 2008.

— Adresse

2 bis avenue des Martyrs de la Liberté
Compiègne

Hauts-de-France

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