Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice— Histoire
L’aménagement de la vallée du Cher dans la traversée de l’agglomération tourangelle débute en 1962. Ce gigantesque chantier de génie civil est destiné à rectifier le cours de la rivière et à mettre hors d’eau les prairies situées de part et d’autre de l’avenue de Grammont. Faisant suite aux 2 300 logements des Rives-du-Cher (labellisés Architecture contemporaine remarquable), les 5 000 logements des quartiers de Rochepinard et des Fontaines sont mis en chantier à partir de 1968, sur un plan-masse de Joël Hardion. Le programme est cependant remanié à plusieurs reprises pour ajuster l’équilibre économique de l’opération, et répondre à la défiance croissante de l’opinion envers les grands ensembles. La résidence Honoré-de-Balzac, située dans le secteur du quartier des Fontaines réservée aux logements de standing, devait initialement être composée de tours. Les architectes Jean et Michel Niermans et Pierre Dalloz conçoivent finalement un ensemble de bâtiments bas élevés sur une dalle abritant un vaste parking et un centre commercial. Mis en chantier en 1974, les immeubles sont livrés à leurs résidents entre 1975 et 1978. La résidence Honoré-de-Balzac se compose de 454 logements répartis dans six bâtiments en R+3 et R+4 comprenant en sus deux niveaux de combles aménagés. L’ensemble est organisé sur une dalle venant, au nord, jusqu’en limite du Cher, et traitée en jardins suspendus. Les boutiques du centre commercial, au sud, sont placées en couronne autour d’une fontaine monumentale, marquant le cœur géographique du nouveau quartier. Les immeubles présentent des façades en pierre de taille porteuse et sont coiffés de toits d’ardoise ; les élévations rejettent cependant tout pastiche et expriment fortement l’alternance des travées pleines et des creux des loggias. Comptant parmi les dernières réalisations de Jean Niermans, cette réalisation est aussi l’une des rares à avoir été signée par Pierre Dalloz, ancien haut-fonctionnaire et disciple de Perret devenu urbaniste-conseil de la ville de Tours. Cette opération bien conservée hérite de la qualité spatiale des grands chantiers des Trente Glorieuses, croisée avec l’expression réussie d’une architecture moderne et bien dessinée, tout en étant dotée des invariants du paysage tourangeau que sont la pierre de taille et l’ardoise.