Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
Le plan de masse est très articulé, bordé au sud de petits blocs rationnels à distribution extérieure alignés en dentde – scie. Cinq grands immeubles de 12 étages maximum se répartissent selon deux orientations. A l’ouest, sur la crête du terrain, deux barres forment une puissante ligne de ciel ; à l’équerre, trois autres immeubles disposés en rangées font le centre du programme. Tous ces bâtiments ont en commun d’être desservis par le réseau de larges coursives reliées à des ascenseurs et des escaliers. En effets, la conception de ces immeubles est faite non pas comme un empilement d’étages, mais comme une superposition de rangées de trois et quatre étages avec caves en bas et appartements au-dessus. Les tranches sont ainsi séparées par une rangée de caves ouvrant sur des coursives très larges (les textes parlent de plateformes) où s’arrêtent les ascenseurs et où aboutissent les escaliers conduisant aux trois étages de chaque bloc. Le parcours pour entrer chez soi passe par un ascenseur, traverse des coursives qui donnent sur les autres immeubles puis, enfin, gravit un escalier ouvert la plupart du temps sur l’autre face de l’immeuble. Ce déplacement, ces mouvements dans les espaces ouverts forment une véritable promenade architecturale. Les deux types d’immeubles diffèrent selon leur distribution. Les plus hauts exposés au vent ouvrent leurs coursives du seul coté à l’abri, à l’est. Les trois autres décalent leurs blocs d’habitations avec une alternance des blocs en redents : tantôt au nord, tantôt au sud, augmentant la variation des points de vue sur les bâtiments, y compris l’immeuble lui-même, et amplifiant l’effet de promenade avec des prospects changeants selon le point de la coursive où l’on se trouve. Nous sommes ici dans un cas type de grand ensemble, dont la répétition est l’un des facteurs d’uniformité. En général, les architectures y parent en jouant l’œil de décors, ; ici c’est le parcours qui joue de la variété de situation avec comme théâtre l’architecture dans le mouvement du spectateur. L’espace tient ici de la modernité cinématographique. À partir d’un tel dispositif spatial, une certaine idée de la plasticité urbaine, le décor d’architecture, n’a de place que dans la seule succession des allèges pleines ou transparentes des balcons participant d’une écriture, somme toute, assez classique. La structure en poteaux dalle laisse envisager de larges actualisations typologiques. La conception spatiale des immeubles, qui avait été d’abord réalisée par J. Rozan sur La Paquerette, ne sera pas sans influence sur le travail de G. Candilis lorsqu’il construira sur une parcelle voisine et lorsqu’il développera plus tard, avec le Team X, des distributions spatiales par coursives et des assemblages en redents.
— Histoire
Les terrains situés sur les coteaux entre les ruisseaux de Plombières et de Sainte Marthe, sont occupés par la campagne horticole des Rosiers avec allée, bassin et canal d’irrigation. L’urbanisme prend assez tôt en compte ces pentes, l’avant-guerre y bâtit les HBM Burel et le groupe Paul Strauss, Gaston Castel est aux commandes. Leur densité a dû étonner alors ; des cités au milieu des campagnes. Après la guerre, le site va faire l’objet de plans d’extensions urbaines : Saint Gabriel est déclaré d’utilité publique comme quartier de compensation pour les sinistrés du Vieux-Port. Situé à porté de lieux de travail de façon à réduire au maximum les transports, de grandes propriétés y sont disponibles, se prêtant bien à la résidence : proche de la ville et facile à viabiliser, bien exposées, calmes avec des espaces plantés. Dès 1949, sur fond de Plan d’Urbanisme Directeur, on envisage de construire et, Jean de Mailly donne un plan de détail en 1951, entre Plombières et le Canet, avec des impacts bâtis très importants. Au printemps 1953, le Plan Courant cherche à favoriser l’édification rapide et massive de logements neufs. Des avantages spéciaux sont accordés aux acquéreurs de terrains qui s’engagent à y aménager des locaux d’habitation répondant à des plans-types et pouvant être revendus ou loués pour des sommes peu élevées. Pour la première fois le Plan Courant reliait une loi foncière, un mode de financement et une programmation normalisée. Par ailleurs, il va provoquer une contribution obligatoire des entreprises à l’effort de construction. Cellesci devront désormais consacrer 1 % de leur masse salariale au logement de leurs employés. Les Caisses Interprofessionnelles du Logement (CIL) vont se développer rapidement. À Marseille, J. Granjon et M. Fraissinet lancent l’opération la plus importante de la région avec 727 logements, via la Société Anonyme Immobilière pour Favoriser l’Accession à la Propriété. Le programme du CIL est dédié au personnel de la RATVM, de l’Huilerie Unipol et de la réparation navale.