Unité d’architecture pédagogique, école d’architecture ENSA de Montpellier
Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
En 1968, un programme de création de vingt-deux unités pédagogiques d’architecture (UPA) voit le jour en France. A Montpellier, ce qui est alors une branche de l’école régionale d’architecture de Marseille devient une entité autonome et officielle, ouverte aux échanges, au dialogue et à un renouveau de l’enseignement. Edouard Gallix, architecte responsable du projet vainqueur du concours lancé en 1975, et Rueg, Doumenc, Leccia, Rey et Szczot, laissent transparaître dans leur architecture cette vision nouvelle. Construit entre 1976 et 1978 dans le quartier résidentiel du Plan des Quatre-Seigneurs, le bâtiment est le fruit d’une collaboration entre enseignants et élèves de l’école. Le site choisi n’est pas anodin : acquis en 1924 par Patrick Geddes, perché sur les hauteurs de Montpellier, le lieu est un point d’observation remarquable sur la ville, les étangs côtiers et la mer Méditerranée d’un côté, le pic Saint-Loup et les Cévennes de l’autre. Des difficultés techniques, administratives et financières retardent la réalisation et lorsque l’école accueille les étudiants pour la première fois en 1979, les aménagements extérieurs et la cafétéria ne sont pas achevés. Construit pour un effectif de 350 étudiants, le bâtiment s’avère rapidement exigu à mesure que le nombre d’étudiants augmente. En 1998, un concours d’architecture est lancé et les architectes Jacques Sbriglio et Jean-Louis Duchier sont chargés de la réalisation d’une extension. La surface passe de 5400 à 7300 m2, répartis en trois volumes autour de l’ancienne école. Un travail de relation entre l’ancien et le nouveau est au cœur du processus de conception. Les travaux sont achevés en octobre 2004. En 2005, les UPA deviennent les écoles nationales supérieures d’architecture. Le terrain qu'occupe l'école étant en forte déclivité, un étagement des bâtiments, accompagné de l'aménagement de terrasses successives, permet une bonne insertion dans le site. Les architectes cherchent à établir la typologie définissant le caractère d'une école ouverte aux échanges méditerranéens. Ils puisent dans l'architecture de José Luis Sert (la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence et la fondation Miro à Barcelone) certains éléments d'une architecture méditerranéenne moderne : voûtains, porte-à-faux, vitrages plein jour aux châssis fuyants, pare-soleil en voile de bronze. Le principe fondateur du plan est la présence de vastes ateliers. L’organisation se fait à partir de deux grands halls intérieurs de 18x18 m et de 9 m de hauteur. Les ateliers se développent en balcon au premier niveau de ces deux halls. A gauche de l'entrée sont disposés les salles de classe groupées autour d'un patio. L'axe de symétrie en diagonale dans le sens de la pente accentue la volumétrie et l'imbrication des différents volumes. Servant d'articulation entre les deux halls, un amphithéâtre d'une centaine de places est suspendu dans un caisson polygonal en métal rouge. Il est entouré par les escaliers d'accès au premier étage. La structure est entièrement apparente, sur une trame de 9x6 m, composée de poutres précontraintes et de poutres ou de voiles béton. Les planchers sont composés par des voûtains préfabriqués sur le module de 1,50 m et débordent en façade avec des porte-à-faux variant de 0,75 m à 1,50 m. Ces planchers qui ont des niveaux différents génèrent des espaces internes différenciés. Les couvertures des halls utilisent les voûtains placés à 45° par rapport aux deux grandes poutres centrales en croix et les poutres de rive appuyées en tête de poteaux. Les façades sont composées par des « épines » structurantes placées entre les voûtains en porte-à-faux sur la hauteur des deux niveaux. Un soin tout particulier est apporté à l'exécution des cannelures éclatées, très en relief. L'extension de 2004 englobe l'école de deux côtés. A l'entrée, un long bâtiment en L sur pilotis, qui vient fermer à l'est la cour de la cafétéria, abrite les services administratifs ; côté ouest, un long bâtiment de deux étages offre des ateliers supplémentaires. Cet agrandissement, avec ses volumes simples et lisibles, laisse l'architecture d'origine très lisible. L'emploi du béton brut respecte également le langage d'origine.