Architecture remarquable — Auteur : — Description de l'édifice
En ce qui concerne l’architecture, les Services de l’Etat (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et Ministère de l’Agriculture) édictent en 1945 des règles particulières pour la reconstruction des fermes de montagne, sur la base desquelles les architectes mettent au point une architecture régionaliste contemporaine. A Ristolas, Georges Languin et Pierre Chauvet tentent de fonder une démarche cohérente et contextuelle, appuyée sur l’analyse climatique du site et l’analyse typologique du bâti ancien existant. Les constructions s’inspirent de modèles établis soit pour terrain en pente, soit pour terrain plat. La ferme sur terrain plat est un des modèles, sinon le modèle, que l’on retrouve à Ristolas. Bien que sous le même toit (ferme « concentrée »), les espaces de logement des hommes et des animaux sont bien distincts. Chaque espace a sa fonction. L’habitation est, de fait, plus vaste que l’habitation ancienne, dans laquelle un même espace pouvait servir à plusieurs activités. Hygiène oblige, au rez-de-chaussée, une « pièce d’eau » fait tampon entre habitation et étable. L’espace dédié à l’élevage agricole est également plus compartimenté, mieux équipé et plus fonctionnel mais les étables ne sont pas forcément plus grandes, certains cultivateurs possédant déjà à l’époque un cheptel relativement important à Ristolas. Malgré une réelle modernisation des modes de vie et de travailler, les usages ancestraux sont conservés (étables entravées, vastes volumes de grange avec séchoirs à gerbes (seigle), accès gravitaires (montoir de grange)… L’architecture s’inspire du vocabulaire des constructions anciennes mais le réinterprète. L’échelle de l’immeuble, en revanche, change complètement, du fait du mode de reconstitution des biens détruits (regroupement en un seul volume bâti). Les fermes reconstruites sont parfois très imposantes Bien qu’éloigné des grands chantiers de la Reconstruction française, Ristolas constitue un témoignage original, cohérent et une production relativement homogène d’urbanisme et d’architecture du XXe siècle car développée sur un temps particulièrement court. Patrimoine bâti au même titre que les richesses architecturales queyrassines bien connues des XVIIIe et XIXe siècles, il témoigne aussi du rapport au monde moderne des « hautes vallées » alpines au cours du siècle passé. Entre modernité et régionalisme, ce patrimoine mérite aussi d’être mieux connu afin d’envisager de façon plus pertinente sa conservation, sa réhabilitation, son adaptation aux nouvelles exigences techniques ou urbanistiques contemporaines (performances énergétiques, forme et densification urbaines, par exemple).